Chez Les Bleus Episode 5
DIX JOURS PLUS TARD -- APPARTEMENT DE TIMOTHÉ
Cela fait maintenant presque trois semaines quAdam et Timothé sont ensemble. Ils continuent de se découvrir et de sapprivoiser, tout en passant des moments agréables et des soirées assez torrides.
Ce matin, Adam se réveille doucement. Il na pas très bien dormi, il squatte toujours le sol de la chambre avec Timothé. Dailleurs il saperçoit que ce dernier nest pas à ses côtés, mais lentend déjà sous la douche. Il se frotte les yeux, sétire, puis se lève doucement et prend la direction de la cuisine où il se sert un verre de jus dorange. Il reste un moment le regard dans le vide, il songe à cette histoire qui prend une tournure sérieuse et commence donc à le faire légèrement paniquer.
Il revient à la réalité et se dirige vers la salle de bain. En arrivant, il découvre la silhouette de Timothé sous la douche. Dos à lui, exposant son magnifique fessier musclé et légèrement poilu. Ses dorsaux bougent dans une chorégraphie magnifique, au rythme de ses mains qui coiffent ses cheveux à larrière, aidé de leau qui glisse dans le creux que dessinent ses deux omoplates saillantes.
Adam enlève son caleçon et le rejoint sous la douche. Il se glisse derrière lui, pose ses mains sur ses hanches et dépose de tendres baisers dans son cou. Timothé bascule la tête sur le côté pour apprécier encore davantage les lèvres de son partenaire sur sa peau, qui lui provoquent un léger frisson.
- Réveillé ? demande Timothé
- Oui, heureusement que je ne compte pas sur toi pour me lever à lheure.
- À lheure de quoi ? Tu ne travailles pas ce matin.
- Comment ça ?
- Bah oui, tes horaires sont décalés, tu bosses ce soir.
- Ah ouais cest vrai quon est le 14 juillet, putain ça fait chier
je suis décalé pour le service dordre de ce soir, ça me saoule davance. Mais comment tu sais ça toi au fait ?
- Peut-être parce-que cest moi qui dirige le service dordre, répond Timothé en souriant.
- Donc en plus je vais tavoir sur le dos toute la soirée ? Super ! répond Adam, avec un faux air agacé.
- Ehhh ! répond Timothé
- Jdéconne ! Au contraire, jsuis content que tu sois là, au moins ça ne sera pas le bordel comme chaque année.
- Cest un compliment ?
- Bah ouais.
- Faut pas te sentir obligé tu sais
- Mais nimp ! Je suis sincère, tu connais ton taf et ça se voit, comparé à dautres quon a déjà eu sur ce genre de missions et où cest parti en vrille.
- Je te remercie alors ! répond Timothé tout en se retournant pour venir lembrasser. Je suis content de tavoir avec moi aussi ce soir., ajoute-t-il entre deux baisers.
- Mais moi
je ne fais quobéir à mon commissaire, répond Adam tout en se mordant légèrement la lèvre en signe dexcitation.
- Ah oui ?
- Oui, commissaire. Prêt à obéir aux ordres, continue Adam en continuant de se mordre la lèvre, faisant maintenant glisser sa main le long du torse de Timothé jusquà venir saisir sa queue et commencer à la masturber.
- Alors commence par toi, je veux te voir
Adam, un peu surpris mais en même temps emballé, lâche un petit sourire montrant son excitation. Il recule un peu et vient sappuyer contre la paroi vitrée de la douche italienne, glisse une main derrière sa tête et de lautre, commence à se masturber. Il se met à pousser de légers gémissements, quil exagère volontairement quand il voit limpact quils ont sur Timothé, qui le dévore littéralement du regard. Il se met à soutenir son regard, tandis que sa seconde main quitte larrière de sa tête pour venir se placer à lentrée de son trou. Il sinsère alors lentement un premier doigt tout en lâchant un puissant gémissement de plaisir, comme de soulagement.
Soutenant le regard de Timothé, continuant de se mordre la lèvre et de gémir de plaisir, il se branle et se doigte vigoureusement, pour le plus grand plaisir de son mec qui ne sait plus où regarder pour prendre son pied.
- Viens là ! lance Tim.
Adam sourit et sapproche. Timothé appuie alors sur son épaule pour lui faire comprendre de sagenouiller. Il nen faut pas plus à Adam qui descend en léchant à pleine langue les abdominaux de son mec jusquà arriver à sa queue. Il commence par déposer des baisers sur sa tige, ses bourses, son pli inguinal, puis il les remplace par sa langue qui vient tantôt lécher tantôt titiller ces zones érogènes. Remontant dun coup de langue sur toute la hauteur de sa queue, il lavale ensuite entièrement jusquen gorge profonde. Timothé ne peut se retenir de lâcher un puissant Ah ! de plaisir, venant basculer sa tête à larrière pour sappuyer contre le carrelage pourtant froid de la douche.
Le filet deau chaude continue de couler sur eux et la vision dAdam à genoux devant lui, le fixant dans les yeux, les cheveux mouillés et plaqués à larrière, gobant son chibre à pleine bouche est des plus excitante. Ses lèvres légèrement pulpeuses enserrent parfaitement bien son gland. Il le saisit par la nuque et le maintient tandis quavec ses reins il se met à dicter le rythme de son entrée jusque dans sa gorge. Toujours en le maintenant, il le force maintenant à se relever. Adam ne peut sempêcher de se frotter les yeux, rouges car remplis deau. Ils sembrassent langoureusement, leurs mains se baladant dans leurs dos ou sur leurs fesses.
- Maintenant, tu ne bouges plus ! dit Timothé en tournant puis plaquant Adam contre le carrelage, lui occasionnant un spasme à cause du froid.
À son tour, Tim descend le long du torse de son compagnon en y déposant des baisers et des coups de langue, jusquà venir gober son sexe. Il se met alors à le sucer vigoureusement, laissant sa langue sagiter autour de son gland, pour le plus grand plaisir du Gardien qui déjà, pousse de longs gémissements de plaisir. Adam ne peut sempêcher de passer sa main dans les longs cheveux mouillés de Timothé, quil vient ranger à larrière en glissant ses doigts au travers.
Tandis quil saventure sous les boules dAdam, Timothé lui fait opérer un volte-face et il vient cette fois écarter vigoureusement ses deux fesses musclées et bombées pour y glisser sa langue. Adam ne peut quavouer que son gars est particulièrement doué pour ça. Il ne sait pas comment il sy prend, mais il lui procure avec sa langue des sensations quil ne peut décrire et qui le font simplement décoller. Adam sappuie contre le carrelage pour se cambrer davantage encore en direction de son mec et faciliter le passage de sa langue, pour son plus grand plaisir.
Après de longues minutes affairé à préparer son passage, Tim pointe son sexe à lentrée des fesses dAdam, dans lesquelles il pénètre assez facilement malgré leau. Adam, toujours cambré contre le carrelage de la douche, pousse un long gémissement de plaisir au fur et à mesure quil sent ce membre imposant entrer en lui jusqu'à la garde.
Timothé marque un temps et vient embrasser son cou. Il se retire lentement puis reprend sa pénétration langoureuse, toujours sous les gémissements de son gars. Puis il accélère, dabord doucement puis plus sauvagement. Le bruit du claquement contre les fesses dAdam commence à résonner dans la salle de bains, difficilement masqué par ses cris de plaisir et ses encouragements Ah ouais, ah
encore commissaire ! lance-t-il en tournant son visage en direction de Tim, qui en profite pour lembrasser tout en accentuant encore ses assauts.
Timothé semble infatigable et il continue de pilonner avec ardeur le cul de son mec, obligé de se mordre la lèvre pour se retenir de crier si fort quil ameuterait la moitié du commissariat.
- Cest ce que tu voulais non ? demande Timothé
- Oui commissaire, encore ! Baisez-moi !
Timothé ralentit le rythme mais se retire presque entièrement à chaque fois avant de sinsérer à nouveau dans son gars dans un geste quasi agressif, ce qui fait décoller Adam encore davantage. Finalement, tandis quil reprend un rythme plus soutenu et quAdam lâche des derniers cris de plaisir, il annonce quil va jouir.
- Sur moi, commissaire ! lance Adam.
Timothé se retire et Adam vient sagenouiller devant lui pour recevoir sur sa langue et sur son visage les longs jets de sperme que Timothé envoie en poussant des soupirs de plaisir. Se masturbant en même temps, Adam envoie à son tour de puissants jets de sperme directement dans la vasque de la douche, tandis quà genoux il continue de sucer le bout de la queue de Tim du bout de ses lèvres.
Les deux amants, passablement essoufflés par cette baise torride, se logent dans les bras lun de lautre pour reprendre leur respiration. La chaleur de leau naidant pas. Un épais nuage de vapeur se dissipe dans toute la salle de bains. Enlacés, la tête dAdam sur lépaule de Tim, ils profitent juste de cet instant ensemble. Adam ne peut sempêcher de réfléchir à cette situation. Il sent bien quil sattache à lui, quun sentiment quil connait si peu commence tout de même à sinsinuer en lui. Quau-delà de ses compétences physiques, ce qui rend ces baises avec Timothé si mémorables, cest aussi cet espèce de lien qui semble peu à peu se tisser entre eux. Et même si les endorphines libérées par cet orgasme le laissent flotter dans un espèce de bonheur, il reste toujours ce petit brin de panique qui pointe son nez lorsquil songe au caractère de plus en plus sérieux de cette histoire. Perdu dans ses pensées, il se laisse savonner par Timothé qui applique une noisette de gel douche dans son dos et sen sert pour le masser en profondeur, soulageant au passage ses épaules douloureuses après sa dernière séance de tractions.
- Ça va ? demande Timothé devant la soudaine absence de son mec.
- Oui ! Oui
je suis juste un peu pensif cest tout.
- Et tu penses à quoi ?
- À rien, tinquiètes ! répond Adam tout en venant coller ses lèvres à celles de Timothé pour lembrasser passionnément.
LE SOIR -- COUR DU COMMISSARIAT CENTRAL
Adam attend dans un coin de la cour avec son groupe. Tous les participants au service dordre de ce soir sont présents, dans lattente du briefing du patron.
Le 14 Juillet est toujours un moment particulier, loccasion de nombreux affrontements avec la police dans certains quartiers, de dégradations au domaine public, de jets de pétards et de mortiers plus ou moins dangereux et autres infractions. Dans laprès-midi, Timothé a déjà supervisé une fouille des toits des différentes barres dimmeubles doù ont été délogés des projectiles en tout genre : pierres, pavés, boules de pétanque, machine à laver
Les premiers mortiers et feux dartifice résonnent déjà au loin.
Adam porte une combinaison bleu marine qui sublime sa silhouette sportive. Il termine de vérifier le matériel de son gilet tactique. Tandis quil se bat avec la batterie de sa radio, qui peine à rester enclenchée correctement dans son logement, Timothé apparaît dans la cour, en compagnie du capitaine en charge de la voie publique.
Adam en lâche presque sa radio des mains tant il est sous le charme. Timothé porte une combinaison bleu marine similaire à la sienne, qui le moule parfaitement bien et met en valeur sa silhouette athlétique. Il porte son ceinturon avec son arme sanglée à la hanche et son gilet porte-plaque équipé dune radio, de deux grenades dans leurs compartiments et dun container lacrymogène, le tout surplombé par son galon à feuille de chêne de commissaire. Suspendu de lautre côté de son ceinturon, un casque de maintien de lordre. Une oreillette transparente remonte jusqu'à son oreille. Nouée autour dune des bretelles de son gilet, une écharpe tricolore, signe distinctif des chefs de dispositif sur les opérations de maintien de lordre. Adam en a presque la bave au coin de la lèvre et voir son mec dans cette tenue lexcite particulièrement. Il simagine bien lappeler à nouveau commissaire tandis quil serait en train de se faire prendre sauvagement sur le capot dune bagnole de police.
- Messieurs dames, bonjour ! lance Timothé en approchant. Avec un grand sourire, il serre les mains des différentes personnes présentes autour de lui. Il glisse un léger clin d'il au moment de serrer celle dAdam et ajoute en chuchotant suffisamment bas pour ne pas être entendu Décidément, tu es toujours aussi sexy dans cette combi.
Timothé se plante au milieu du groupe et commence son briefing. Il explique tour à tour les rôles de chacun, définit les indicatifs radios, les points de surveillance, les objectifs à tenir. Et ce quon peut dire de lui, cest quil est réellement un bon orateur. Il a une facilité à parler en public, il explique clairement, il convainc. Adam retrouve en lui ce certain magnétisme quil avait déjà ressenti lors de son arrivée.
- Des questions ? Non ? Alors en place messieurs, bon courage et bonne soirée à tous !
Timothé se dirige vers Adam tandis que ce dernier charge un sac de matériel dans le coffre de son véhicule.
- Tu fais attention à toi ce soir ? dit-il
- Evidemment ! Et puis je ne risque rien, avec un chef de dispo comme toi ! répond Adam en souriant avant de se mordre la lèvre en matant Timothé de haut en bas.
- Non mais sérieux !
Adam finit de ranger le sac, puis se tourne vers Tim, cette fois avec un réel air sérieux : Jsuis sérieux. Ten doutes ?
- Non ! Non, cest pas ça
bref. Bon courage !
- Merci, répond Adam, avant de saisir un autre sac pour le charger.
Tandis que Timothé séloigne, Adam le rappelle : Hé patron !. Timothé se retourne alors vers lui. Faites attention à vous aussi. Les deux échangent un dernier sourire puis séloignent et retournent à leurs occupations.
PLUS TARD DANS LA NUIT -- CENTRE VILLE
Timothé et Adam sont séparés. Ce dernier se trouve avec sa patrouille sur le Boulevard de la Liberté, où il coupe la circulation et veille à disperser les attroupements. Timothé quant à lui se trouve sur la place principale de la ville, doù il dirige les opérations. Il se trouve à côté de sa Peugeot 508 de fonction, une carte de la ville étalée sur le capot. À ses côtés, le major Denis, le chef des Proxi qui ce soir lui sert de chauffeur.
Quelques échauffourées ont déjà eu lieu et par endroit des affrontements entre jeunes et forces de lordre apparaissent. Mais rien qui ne sorte de lordinaire.
Timothé est concentré. Il suit en temps réel les déplacements de foule, consulte sa carte puis donne ses instructions à la radio.
Soudain, son oreillette se met à crépiter lorsquun fonctionnaire hurle à la radio PRIORITÉ ! RENFORT ! RENFORT ! Liberté ! On est pris à partie, ils ont jeté un molotov sur la voiture, le véhicule est en train de cramer, on na pas de quoi se replier !
- De TN, quel est lindicatif qui transmet ?
- Cest la Prox Alpha ! RENFORT !
- Suivi. TI 120 de TN, cest suivi ?
Lorsquil entend ce message à la radio, son sang ne fait quun tour. Timothé nest pas capable de lexpliquer, mais il sait que cest Adam qui est en danger.
- Major, donnez-moi les clés !
- Patron ?
- Donnez-moi les clés je vous dis ! Je prends le volant.
Tandis quil se dirige vers la portière conducteur, Timothé lance à la radio : De TI 120, cest suivi, que les effectifs CRS se rapprochent de Liberté en urgence ! Je fais mouvement. Il monte dans sa 508 et sinstalle au volant. Le major le rejoint côté passager et tandis quil installe le gyrophare sur le toit, Timothé démarre déjà en trombe. Il pilote plutôt pas mal et roule à grande vitesse sur les quelques grands axes qui le séparent du lieu des faits.
Quand il arrive sur le boulevard en question, il aperçoit au loin le véhicule de police en feu et la patrouille prise à partie qui cherche hasardeusement un endroit pour se replier. Quatre policiers, porteurs de gilets pare-coups et de casques, tentent désespérément de former une colonne derrière leur unique bouclier en plastique.
Tout s'enchaîne, un nouveau cocktail molotov éclate à leurs pieds, ils reculent mais un policier se retrouve isolé. Quatre individus capuchés, dissimulant le bas de leur visage avec des écharpes, sapprochent et commencent à le lyncher. Coups de pied, de poing, il se retrouve au sol et reçoit à nouveau des coups dans labdomen et le dos.
Timothé accélère et remonte le boulevard à grande vitesse. Lun des policiers jette une grenade lacrymogène pour tenter de faire reculer les individus et aller chercher son collègue. Les jeunes reculent, mais tandis que le policier à terre tente de se relever, à genoux en appui sur ses bras, son casque arraché et tombé au sol, lun dentre eux sapproche à nouveau.
- Major ! Donnez-moi le flash ! hurle Timothé tandis quil opère un frein à main qui vient placer sa 508 à proximité du policier et en travers du boulevard.
Alors que le jeune arme sa jambe pour envoyer un coup de pied fatal en direction de la tête du policier à terre, il reçoit soudain un projectile en plein torse qui le projette au sol. Cest Timothé qui vient de tirer au flash-ball par la fenêtre du véhicule.
- Allez ! Allez ! lance-t-il à ses hommes derrière leur bouclier. Ces derniers se rapprochent alors du policier pour aller le récupérer. Il fait nuit noir, on ny voit que grâce aux flammes puissantes du véhicule encore en feu et aux lumières bleues intermittentes des gyrophares. Timothé ne parvient pas à discerner quel policier est à terre, mais au fond de lui il le sent. Il sort de sa voiture et se précipite sur le jeune homme au sol, le saisit par le col dune main et arme son poing en direction de sa tête.
- Patron ! lance le major.
Timothé, dont les yeux brûlent soudainement de haine et de rage incontrôlable, simmobilise. Le jeune homme, qui parvient probablement à décrypter les envies de qui transparaissent dans le regard du commissaire, nose ni bouger ni senfuir, les yeux écarquillés de peur. Il y a quelques minutes il était prêt à un flic et là il craint pour sa vie. Timothé a la respiration forte, ses narines sécartent pour laisser passer son souffle puissant, ses yeux vont éclater, sur son front perlent des gouttes de sueur.
- Putain tas de la chance ! lance-t-il
Il désarme son poing, retourne le jeune pour le plaquer ventre contre terre puis sempare de ses menottes pour linterpeller.
Dans le même temps, cinq autres véhicules de police arrivent sirène hurlante et déjà de nombreux CRS descendent des camions pour former des colonnes et sécuriser le boulevard.
Timothé confie le jeune à lun de ses collègues. Il scrute les visages parmi les policiers de la patrouille quil est venu aider
aucun nest celui dAdam. Il comprend alors très vite. Sil nest pas dans ceux qui sont debout, cest quil était au sol. Il le sentait.
Timothé semble soudain désemparé. Il scrute les alentours à la recherche dAdam, emmené quelques instants plus tôt. Il passe ses mains dans ses cheveux, il semble comme perdu.
Brutalement, son entraînement revient, son côté militaire impassible refait surface. Il ferme les yeux, inspire, expire et lorsquil les rouvre, la concentration est revenue.
Il att le micro de sa radio et donne ses instructions tandis quil se dirige vers les camions des CRS en courant.
- Commissaire ?! Ici ! lance lun des CRS en pointant du doigt larrière dun camion.
Timothé se précipite derrière le fourgon et aperçoit alors le secouriste des CRS en train de dispenser les premiers secours à Adam. Il est en piteux état. Son visage est couvert de suie, sa lèvre inférieure est éclatée, il garde difficilement connaissance.
Timothé sempare de sa radio : De TI 120, envoyez les SP au Boulevard Liberté ! Fonctionnaire blessé, conscient, multiples contusions, fractures possibles. Suivi ? Parlez. -- Reçu TI on sen occupe !
Timothé vient sagenouiller à côté dAdam, face au secouriste.
- Il a quoi ?
- Franchement il sen sort bien ! Son visage est plutôt épargné, à mon avis quelques côtes fêlées, mais il sest relevé seul jusquici.
- Vous pouvez arrêter de parler de moi comme si je nétais pas là ? lance Adam, en tentant de se relever, rapidement maintenu au sol par le secouriste.
- Ça va ? demande Timothé. Les pompiers arrivent, tu ne bouges pas.
Le secouriste ne peut sempêcher de lever un sourcil, étonné par tant de proximité entre le chef du dispositif et un gardien.
- Non, ça va ! Le dispo
ils vont faire le tour
- Hé ! On sen fou du dispo. Je men occupe. Toi tu toccupes de rester éveillé et tu pars avec les pompiers.
- Mais
- Cest un ordre ! lance laconique Timothé avant de se relever et de séloigner, devant retourner commander ses hommes.
Timothé séloigne. Il retourne à son véhicule et sappuie sur le toit, la tête plongée dans ses mains. Mais rapidement il retrouve une fois encore sa concentration. Il reprend sa radio et donne ses nouvelles instructions. Il se porte auprès des autres fonctionnaires, sassurer quaucun dentre eux nest blessé. Cest là que lune dentre elles, gardienne stagiaire fraîchement sortie décole, lui explique quAdam sest retrouvé isolé après être venue la récupérer, elle-même isolée juste avant, se battant seul contre trois casseurs et lempêchant de se faire sévèrement tabasser. Timothé ne peut sempêcher de sourire, il reconnaît bien là le courage et labnégation de son mec. Quelques minutes plus tard, tandis quil se retourne, il aperçoit lambulance des pompiers qui séloigne en emportant Adam. Il la fixe tandis quelle séloigne puis disparaît au coin du boulevard.
Le major Denis sapproche de lui. Il tient dans la main le ceinturon et larme de service dAdam, qui lui ont été retirées avant son départ en ambulance.
- M. Garnier vient de partir à lhôpital patron.
- Daccord, répond Timothé après avoir marqué un temps, fixant le ceinturon dAdam dans la main du major. Il réalise alors seulement à quel point il était proche de le perdre. Il sen veut de ne pas avoir fait plus, il sen veut de ne pas laccompagner à lhôpital, il voudrait être dans cette ambulance et à ses côtés. Mais il ne peut pas, le travail avant tout.
Timothé monte alors dans la voiture, côté passager cette fois, tout en lançant au major Allez-y reprenez le volant.
Le major monte. Un long silence sinstalle tandis que celui-ci démarre le véhicule et quitte les lieux pour retourner sur la place principale. La ville est soudainement déserte, elle paraît calme, presque endormie malgré les événements qui viennent de sy passer et qui ont encore lieu un peu partout dans dautres quartiers. Timothé, observant le décor par la vitre, est obnubilé par le reflet intermittent de la lumière bleue du gyrophare sur les façades des immeubles. Il nest sorti de sa réflexion que par les propos du major :
- Patron ?
- Oui ? répond Timothé en se tournant vers lui.
- Je voulais vous dire
jme suis trompé sur vous. Je vous prenais pour un petit arriviste sorti décole, pensant tout savoir mieux que tout le monde. Mais là, ce soir, le petit vous en doit une
sans vous, jsais pas comment on laurait récupéré. Je suis dans la boite depuis presque trente ans vous savez, des patrons comme vous
je les compte sur les doigts dune main. Vous êtes un vrai flic.
Étonné par ce mea culpa, Timothé reste dans un premier temps muet. Ce nest quaprès quelques secondes quil répond un : Merci. auquel le major ne répondra que par un signe de tête.
Le reste de la nuit se fera dans la désescalade progressive de la violence. Vers les cinq heures du matin, les rues retrouvent leur calme. Le bilan est dune trentaine dinterpellations pour des violences sur les policiers, quelques voitures incendiées et des dégâts au domaine public. Timothé met progressivement fin au dispositif et finit par regagner le parking du commissariat. Le major et lui descendent de la voiture et le premier vient lui serrer la main.
- Bonne nuit patron ! lance-t-il, soudainement empli de respect envers Timothé.
- Merci major, bonne nuit à demain.
Tandis que le major séloigne, Timothé fait le tour de la voiture et remonte côté conducteur. Il place à nouveau le gyrophare sur le toit et roule à toute allure en direction des urgences.
Sur place, il croise alors Julie et Issam en faction devant une porte de chambre.
- Patron ? demandent-ils
- Vous allez bien ? demande Timothé en leur serrant la main tout en leur saisissant lépaule de lautre, signe de l'intérêt réel quil porte à leur condition.
- Oui, oui
nous étions de lautre côté du centre-ville nous, pas avec Adam
enfin le Gardien Garnier. On est juste là pour laccompagner et quil ne reste pas seul.
- Comment va-t-il ?
- Il doit encore faire quelques examens
un scanner je crois. Il a quelques côtes fêlées, des hématomes et pas mal de contusions. Mais daprès les médecins, cest un miraculé.
- Bon, cest une bonne nouvelle. On peut le voir ?
- Euh
oui, répond Julie, un peu décontenancée.
Elle ouvre alors la porte et rentre en compagnie de Timothé dans la salle dexamen. Adam est allongé sur le lit, vêtu dune espèce de liquette en tissu bleu foncé après quils aient dû découper son uniforme.
- Vous pouvez nous laisser ? demande Timothé à Julie qui, encore plus surprise de cette demande, marque un temps avant de sortir de la chambre et de refermer la porte derrière elle.
Timothé continue de fixer Adam un moment. Miraculeusement, probablement grâce à son casque, son visage est plutôt épargné. Sa lèvre du bas est claquée et il a une ouverture à larcade droite refermée par quelques strips. Il semble assoupi, probablement à cause des analgésiques.
Timothé dégrafe son gilet tactique, le pose sur la table puis vient sasseoir sur le bord du lit. Il plaque à nouveau ses cheveux à larrière avec ses deux mains en lui tournant le dos, peinant à le regarder comme par culpabilité.
- Hé
dit Adam dune voix un peu faible, sortant de son sommeil.
- Hé ! lui répond Timothé en souriant.
- Taurais pas dû venir
si les autres
- Je men fou ! répond Timothé. Je voulais te voir, cest tout. Ce quils pensent ou ce quils disent on sen branle, ça nest pas important. Jai
enfin je
bref on sen fou !.
- Comment tu vas ? Le dispo sest bien passé ?
Timothé ne peut sempêcher de lâcher un petit rire. Il se tourne vers Adam avec un grand sourire : Tes là dans ton lit dhôpital et tu me demandes si le dispositif sest bien passé ?
- Bah quoi ?
- Si tu es là, cest que ça ne sest pas bien passé ! Jai commis une erreur. Je vous ai laissé trop exposé, trop peu nombreux
cétait une erreur tactique et je
- Hé hé hé hé
dit Adam en se relevant, non sans mal, pour venir saisir la main de Timothé dans la sienne. Il saperçoit alors que si son mec hésitait autant à se retourner depuis tout à lheure pour le regarder dans les yeux, cest parce-que les siens étaient rouges et embués de larmes. Jamais il navait vu Timothé si vulnérable. Cet homme qui paraissait imperturbable, intouchable, semblait pour une fois fendre sa carcasse. Mais Timothé sempressa de sa main libre dôter le début de larmes de ses yeux.
- Ecoute Tim, tas fait ton job. Et moi jai fait mon job. On sait tous à quoi sattendre dans ce boulot et ça
ça en fait partie. Tu nes pas responsable de ce quil sest passé. Et puis
Julie ma raconté.
- Raconté quoi ?
- Tu sais très bien.
Timothé marque une légère incompréhension sur son visage.
- Tu connais Radio police comme moi, tout le monde le sait déjà. Jétais ptêtre trop dans le gaz pour comprendre ce quil se passait, mais les collègues mont dit que jsuis en vie grâce à toi.
- Arrête
- Cest vrai ! Alors arrête de ten vouloir. Tas été exceptionnel ce soir. Comme toujours.
Adam se rallonge alors dans son lit, rester relevé lui faisant visiblement trop mal. Mais il garde la main de Timothé dans la sienne et ne semble pas décidé à la lâcher. Tim lui, reste prostré dans le silence, encore sous le coup de la culpabilité.
Il finit par prendre une grande inspiration et, toujours sans se tourner face à Adam, il dit à voix plus faible : Jai eu peur tu sais.
- Moi aussi.
- Non, tu ne comprends pas
je nai pas eu peur pour moi, ou à cause de la situation. Jai eu peur de te perdre. Quand jai entendu ce message à la radio, tu vas trouver ça con mais
jai tout de suite su que cétait toi. Je savais, je
je sentais que tu étais en danger. Alors je suis venu. Je nai pas eu besoin de voir ta tête pour savoir que cétait toi à terre. Alors jai fait ce que javais à faire. Et si ton major navait pas été là, jaurais sûrement massacré ce mec.
Adam se dresse à nouveau dans son lit, laissant juste échapper un petit soupir de douleur, mais trop absorbé par ces soudaines confidences, si rares, de son mec.
- Jai eu peur de te perdre parce-que la vérité cest que je taime. Jai beau essayer de me voiler la face, pour rendre les choses plus faciles ou je ne sais quoi, jai beau essayer de me convaincre que cette relation na pas limportance que je pense
cest faux. Je taime. Je taime, tu comprends ?
Timothé se tourne alors enfin vers Adam, qui le regarde médusé. Enfin ! Enfin son mec fait tomber les défenses. Alors il sourit, bêtement, il rit même un peu.
- Mais moi aussi je taime ! Et tu nimagines pas comment !
Timothé se penche et vient saisir la nuque dAdam. Ils sembrassent langoureusement puis viennent coller leur front lun à lautre. Les yeux fermés, ils ne parlent pas. Ils nen ont pas besoin pour se comprendre, pour sentir ce sentiment qui les traverse désormais et la force de celui-ci. Ensemble, ils comprennent que rien ne sera plus jamais comme avant et quils sont désormais invincibles.
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